Voici la suite de notre série sur le Green Forum du WWF, qui se tient ce 6 octobre 2011 à Paris, avec le compte-rendu de la table ronde « Préparons l’avenir ». Special thanks to Steve Jobs.
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par Catherine Levesque
La transition écologique : un défi
Dominique Meda, professeur de sociologie à Paris Dauphine, chercheur associé au Centre d’études de l’emploi. Auteur d’un livre collectif : Pour sortir de ce vieux monde : les chemins de la transition
Liens : http://www.alternatives-economiques.fr/dominique-meda_fr_art_222_27825.html
http://laboratoiredelegalite.wordpress.com/
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Ecologie et création d’emplois ont été longtemps opposées. Les progrès écologiques (réglementations, taxes, alourdissement des coûts) ont souvent été vus comme des freins à la croissance économique.
Acmé de cette opposition dans les années 70 avec le Club de Rome qui propose de ralentir la croissance. Puis pression du chômage.
Aujourd’hui, complémentarité nécessaire de l’écologie et de l’emploi. Ces dernières années, la reconversion écologique serait même la bouée de sauvetage de nos économies, y compris pour les syndicats. A l’inverse du catastrophisme, on serait ainsi dans une position gagnant-gagnant.
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Mais de nombreuses questions se posent :
Risque de voir moins d’emplois créés que d’emplois supprimés.
Comment appliquer les mêmes normes à tous ?
Risque de perdre sur tous les tableaux en accélérant la désindustrialisation de l’Europe.
Quid des lobbies pour ceux qui ont tout à perdre de cette transition ?
Peut-on faire sans un accord international pour réussir cette stratégie vertueuse ? Faut-il un mécanisme d’ajustement aux frontières ? Il est nécessaire de planifier cette transition, alors qu’on n’a que des stratégies peu intégrées (ex. Stratégie européenne de l’emploi).
De quelle prospective a-t-on besoin ? Quels types de besoins sociaux veut-on satisfaire ?
Comment mener de front réduction de la dette, développement des ENR ?
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Arbitrages nécessaires…
Il faut anticiper les processus de reconversion par secteur en formant les salariés. En France, ces processus ne sont pas assez solides (ex. plateformes de mobilité à l’échelle locale).
Prendre l’exemple du Fonds d’ajustement à la mondialisation, qui a du reste très peu servi à l’Europe.
Question de la qualité de l’emploi vert, qui renvoie souvent à une faible attractivité.
Anticiper les besoins en compétences (comités de filières, implication de l’Afpa)
Le paradigme de la flexibilité de l’emploi est-il le bon ?
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Peut-on avoir la croissance verte et l’emploi ?
Référence à Tim Jackson, commissaire à l’économie de la commission pour le DD en Grande-Bretagne. Auteur de Prospérité sans croissance
Liens : http://www.rue89.com/planete89/2010/09/24/tim-jackson-on-est-au-bord-du-gouffre-ecologique-167846
http://www.terraeco.net/Selon-le-professeur-Tim-Jackson-ni,12587.html
Fenêtre de tir étroite, selon lui : les prévisions de Stern ont été dépassées sur l’investissement nécessaire du PIB (3 %) pour enrayer le réchauffement climatique.
Il défend une rupture nette avec le système actuel sans parler pour autant de décroissance.
Il malmène le mythe du découplage au dilemme de la croissance (notamment à cause de l’effet rebond : un produit est moins cher, donc j’en consomme plus)
Il faut selon lui réduire la taille de nos PIB. La focalisation sur son augmentation a joué depuis le XVIIIe siècle un rôle fondamental dans nos sociétés.
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Réflexion sur le temps du travail et le partage de l’emploi
Cf. Michel Husson, IRES, note de 2 pages : http://hussonet.free.fr/@bibi.htm
Référence à : Adieu à la croissance, Gadrey
Nous avons des besoins énormes à satisfaire. Il faut désintensifier le travail et cesser de courir après les gains de productivité.
Son blog : http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey
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Conclusion de Dominique Meda
Poids des objectifs de rentabilité sur le travail sur les salariés. Nécessité de redonner un certain sens au travail.
Trouver de nouveaux indicateurs à côté du PIB pour atteindre les objectifs que nous souhaitons (cf. commission Stiglitz). Intégrer dans cet indicateur l’état du patrimoine naturel et la cohésion sociale car on peut craindre une balkanisation de la société (risque d’anomie). Réintroduire le citoyen dans cette réflexion (expériences dans le Nord-Pas-de-Calais et les Pays-de-la-Loire).
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Discussions avec la salle
Cf. Le principe de responsabilité, Hans Jonas (risque d’un régime dictatorial pour atteindre ces objectifs)
Le discours inverse existe ! ie. la nécessité d’une démocratie.
Remise en question de Pascal Bruckner, qui nous renvoie à l’âge de pierre ! (il vient de sortir Le Fanatisme de l’Apocalypse, ndlr)
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